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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/168

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d’une petite lieue, puis nous la laisserons aussi pour entrer dans la petite rivière qui est le but de notre voyage, et qu’il nous faudra remonter sur une distance de sept ou huit lieues. Les sauvages appellent cette petite rivière : « Couactacouac. »

— Couactacouac ?… Dans quelle langue est donc ce mot que vous venez d’employer ? interrompit Roger.

— Je crois que c’est de l’iroquois. Il se peut, cependant, que ma prononciation ne soit pas parfaite.

Après avoir réfléchi pendant quelques minutes et avoir répété le mot « Couactacouac » plusieurs fois et de différentes manières, Roger reprit :

— Il y a une expression iroquoise qui veut dire, en français : « Quelque-chose-de-croche-qui-se-redresse, » et qui se prononce : « Kkwaktakwak. »

— Ce doit être justement cela ! s’exclama Le Suisse. Cette petite rivière, qui est très croche et qui, d’ordinaire, coule paisiblement, devient torrentueuse au printemps, à l’époque de la fonte des neiges, et à l’automne, à l’époque des grandes pluies. Il lui arrive alors quelques fois de passer tout droit à l’un ou à l’autre de ses nombreux tournants et, de cette manière, de redresser son cours tortueux. Ce doit être à cause de cela que les Indiens l’ont appelée… Comment dis-tu ?

— Kkwaktakwak.

— Kkwaktakwak !… Kkwaktakwak !… Quelque chose de croche qui se redresse !… Ce doit être justement cela !… Eh bien ! nous allons tâcher d’aller, dès ce soir, camper sur le bord de cette rivière. Et, demain soir si nous n’avons pas de malchance, nous serons au terme de notre voyage.