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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/177

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et gracieuse comme une sylphide, elle s’enfuit dans un fourré voisin, où elle se blottit. Son oreille, appuyée au sol, avait perçu le bruit des pas de Le Suisse qui s’en revenait de la source.

Elle vit le nouveau venu réveiller Roger, après quoi les deux hommes préparèrent et mangèrent leur repas. Puis, quand Roger, prenant son arc et ses flèches, partit en descendant le cours de la rivière, elle le suivit encore. Elle ne le perdit pas de vue, pendant tout le temps qu’il chassa. Puis elle revint avec lui vers le camp, restant cachée dans les environs tant que dura le jour.

Quand les ténèbres vinrent, elle s’éloigna un peu, afin de se chercher un endroit pour dormir. Mais, quand le jour reparut, le lendemain, Ohquouéouée avait repris son poste d’observation. Elle vit les deux hommes s’éveiller, puis Le Suisse s’éloigner dans la direction de la source.

Quand Roger se baigna, l’Indienne se rapprocha de la berge et, entre les branches touffues, ses regards remplis d’admiration le suivirent pendant le temps qu’il prit ses ébats dans la rivière. Quand elle vit qu’il se préparait à sortir de l’eau, elle retourna prendre son poste dans le fourré, et elle ne s’éloigna définitivement que quand Le Suisse fut de retour de la source, vers midi.

Une fois en route, la jeune Indienne marcha sans arrêt pendant tout l’après midi. La nuit venue, elle se blottit dans le creux d’un arbre et y dormit jusqu’au moment où les oiseaux, en entonnant leur hymne matinal, lui firent ouvrir les yeux.

En s’éveillant, elle sentit qu’elle avait faim : elle n’avait pas mangé depuis deux jours. Il lui fallait