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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/178

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donc, de toute nécessité si elle voulait avoir la force de poursuivre son chemin, se procurer de la nourriture.

Sans une minute d’hésitation, elle enleva les cordons de ses mocassins, qui étaient faits de nerfs de caribou, et elle les noua de manière à en faire deux nœuds coulants. Puis elle tendit ces deux collets dans des fourrés voisins, dans l’espoir de prendre quelque lièvre ou perdrix. Ensuite elle se mit à parcourir les environs, dans le but de découvrir quelques végétaux comestibles.

Comme tous ceux de sa race, Ohquouéouée connaissait toutes les sortes d’herbages et toutes les racines qui peuvent servir de nourriture. Heureusement, aussi, que l’on était en pleine saison des fruits.

Dans les endroits où le soleil, en pénétrant au pied des arbres, y avait fait croître un peu d’herbe, elle trouva quelques fraises de bois, longues et pointues, à l’extérieur d’un beau rouge clair, à la chair d’une blancheur de neige et très sucrée, qu’elle mangea avec infiniment de plaisir. Un peu plus loin, dans une petite clairière ouverte par un énorme chêne qui, en s’écroulant de vieillesse, avait entraîné plusieurs autres arbres dans sa chute, des framboisiers achevaient de mûrir leurs fruits au soleil. L’Indienne en cueillit plusieurs poignées, qu’elle avala, comme les fraises, avec délices.

En revenant de la clairière, elle passa par ses collets. Dans le premier, elle trouva un lièvre qui, bête comme tous ses congénères, avait probablement fait plusieurs milles à sa plus grande vitesse pour venir se prendre dans le piège que la jeune fille lui avait tendu.