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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/179

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À partir de ce moment, notre voyageuse n’eut plus d’inquiétude au sujet de la nourriture.

En traversant un ruisseau, le soir précédent, elle avait ramassé deux fragments de silex, qu’elle avait emportés avec elle. Après avoir regardé autour d’elle pendant quelques minutes, elle aperçut un érable dont le pied était en train de se changer en tondre. Elle s’approcha de cet arbre et, en frappant ses deux pierres l’une contre l’autre, elle fit jaillir quelques étincelles, qui volèrent sur le bois pourri ; puis elle se mit à souffler dessus et, en peu d’instants, elle eût fait jaillir la flamme.

Continuant ses préparatifs, elle arracha des fragments de tondre enflammés, les plaça au pied et entre deux grosses racines d’un autre arbre, empila par dessus des petits morceaux de bois sec et, cinq minutes après avoir trouvé le tondre, elle avait un bon feu. Quand elle eut débarrassé le lièvre de sa peau et de ses intestins, elle le fit cuire et le mangea, terminant ainsi un bon repas qu’elle avait commencé par le dessert.

Puis elle se remit en route et, un peu avant le coucher du soleil, après avoir marché sans s’arrêter toute la journée, elle atteignit le Richelieu, à trois ou quatre lieues de son embouchure.

À la vue de l’eau claire et limpide, la jeune fille éprouva, comme Roger la veille, le désir de s’y baigner. Promptement, elle enleva ses vêtements et se plongea dans la rivière.

Elle aussi nageait comme un poisson. Elle aussi offrait le plus charmant tableau, descendant le courant et le remontant, plongeant, ou bien lorsque, sortant de la rivière, son corps jeune, pur et tout