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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/18

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Nous croyons utile d’expliquer au lecteur, avant d’entrer plus avant dans notre récit, que, à l’époque dont nous parlons, les Indiens qui habitaient le bassin du Saint-Laurent et les sources de la rivière Hudson se divisaient, à part quelques tribus ou nations moins importantes disséminées çà et là, en trois grandes familles : les Hurons, qui habitaient la plus grande partie du territoire qui forme maintenant la province d’Ontario ; les Iroquois, qui habitaient presque tout le pays où l’Hudson prend sa source ; et les Algonquins, qui étaient chez eux au nord du Saint-Laurent. Chacune de ces grandes familles se divisait en plusieurs nations, lesquelles, à leur tour, se divisaient en tribus. Et chacune de ces tribus portait, comme marque distinctive, le nom d’un animal. C’est ainsi que chaque nation avait sa tribu de l’Ours, du Renard, de la Tortue et le reste.

Mais ces appellations n’étaient pas toutes appréciées au même degré. Parmi les tribus d’une même nation, celles qui portaient le nom de quelque animal à fourrure étaient considérées comme plus nobles que celles qui portaient le nom d’un oiseau ou d’un poisson, et, parmi celles portant le nom d’un animal à fourrure, la tribu du Loup était plus noble que celle du Renard, par exemple ; et celle de l’Ours, à cause de la grande force et du courage de cet animal, était plus noble que celle du Loup. Mais la plus noble de toute était, dans chaque nation, la tribu de la Tortue. Et voici, selon les récits de Nicholas Perrot, qui a recueilli ces traditions de la bouche même des Indiens, pour quelle raison :

Au commencement du monde, alors que les eaux recouvraient encore toute la terre, les animaux étaient