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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/19

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portés sur le dos de la Tortue, qui nageait de côtés et d’autres, cherchant une terre pour y déposer sa charge. Mais elle n’en pouvait trouver aucune, le temps approchait où le Grand Esprit allait envoyer le premier homme sur la terre, et il était urgent que l’on trouvât un endroit où le recevoir.

Les animaux tinrent alors conseil, présidé par le Grand-Lièvre : le Grand Sage parmi les animaux, pour savoir dans quelle direction il fallait diriger la Tortue afin de trouver la terre ferme. Mais ils ne purent s’entendre ; les uns voulaient aller au nord, les autres au sud, d’autres à l’ouest, mais aucun ne pouvait démontrer, à l’appui de son désir, que la terre ferme se trouvait dans la direction où il voulait aller.

Ce que voyant, le Grand Lièvre prit la parole et dit :

« Que l’un de vous, parmi les meilleurs nageurs, plonge au fond de l’eau et me rapporte une motte de terre. De cette motte je me charge de faire un monde que nous pourrons habiter, et où nous pourrons recevoir le premier homme, quand le Grand Esprit l’enverra habiter parmi nous. »

Aussitôt tous les regards se tournèrent vers le castor, et celui-ci, comprenant ce que tous attendaient de lui, s’approcha du bord de la carapace qui les portait et plongea. Il fut plusieurs lunes avant de revenir à la surface et, quand il réapparut sur l’eau il était noyé. Les autres animaux tinrent encore conseil, puis demandèrent à la loutre d’essayer, là où le castor avait échoué. La loutre hésita longtemps, mais à la fin, elle se décida. Elle plongea, fut, comme le castor, plusieurs lunes sous l’eau et, comme lui, elle ne revint à la surface que noyée.