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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/181

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du bord. Au léger bruit que firent les pas de la jeune fille marchant sur le sable, le mâle releva la tête, la regarda fixement l’espace d’une couple de secondes, puis se remit tranquillement à boire. La femelle et les faons ne relevèrent seulement pas la tête quand elle passa vis-à-vis d’eux.

Une autre fois, elle était alors rendue le long du lac Champlain, en s’éveillant un matin, elle sentit une chaleur moite le long de son corps. Étendant le bras, sa main rencontra quelque chose de velu ; elle ouvrit les yeux et aperçut un ourson couché près d’elle, le museau sous le bras de celle qu’il avait adoptée pour compagne pendant son sommeil. La jeune fille le caressa un moment, mais l’ourson devenant trop familier, elle le repoussa un peu brusquement, ce qui fit pousser un léger cri à l’animal. L’ourse était à une vingtaine de pas plus loin, en train d’allaiter son autre petit. Elle fit entendre un grognement qui rappela son ourson près d’elle, et l’Indienne, se levant, reprit son chemin.

L’ours était l’animal le plus dangereux qu’elle rencontra pendant tout le cours de son voyage. De loups, il n’y en avait pas dans ces forêts. Les trappeurs rencontraient bien, très rarement il est vrai, dans les montagnes de la Nouvelle-York que la jeune fille dut traverser dans une bonne partie de sa longueur, une espèce de félin d’assez grande taille, qu’ils désignaient sous le nom de panthère. C’était une sorte de grand chat sauvage, à la fourrure d’un jaune sale, très féroce, très destructeur et qui n’hésitait pas, même seul et malgré la croyance contraire des naturalistes, à s’attaquer aux êtres humains. Mais, soit que ce fût simple bonheur, soit qu’il ne se