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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/182

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trouvât aucun de ces animaux le long du chemin qu’elle parcourut — ces panthères, ou cougars, habitaient surtout beaucoup plus au sud et à l’ouest — toujours est-il que, pendant toute sa longue randonnée, Ohquouéouée n’en rencontra pas un seul.

La jeune Indienne se guidait, dans ces immenses forêts, par une sorte d’instinct naturel. Quand elle partit du Saint-François, elle se dirigea d’abord directement vers le soleil couchant ; mais elle s’aperçut bien vite que cela la rapprochait trop du fleuve. Alors elle changea de direction et se mit à marcher un peu plus vers le sud-ouest.

Le soir du jour où elle avait, pour de bon, quitté les deux chasseurs blancs, elle atteignit la rivière Yamaska et, avant de la traverser, elle hésita :

« C’était peut-être là la rivière qu’il lui fallait suivre pour retourner dans son pays ?… » Mais, après avoir réfléchi, elle ne la trouva pas d’un volume assez considérable pour venir de si loin. Elle la traversa donc, puis continua sa route, en laissant cette rivière sur sa gauche.

Quand, vers la fin du deuxième jour, elle arriva sur le bord du Richelieu, elle le reconnut aussitôt pour la rivière qu’elle avait descendue lorsqu’elle était prisonnière des Algonquins. Elle se mit donc à la suivre, en la remontant, jusqu’à ce qu’elle eut atteint le lac Champlain.

Un jour, il y avait alors plus d’une semaine qu’elle avait quitté les deux Blancs sur le bord du Saint-François, vers la fin de l’après-midi, Ohquouéouée s’aperçut qu’elle arrivait à l’extrémité d’une longue presqu’île s’avançant dans le lac Champlain, lequel elle ne venait que d’atteindre. Depuis la