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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/183

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veille, elle remarquait que la rivière qu’elle suivait s’élargissait peu à peu ; que le courant, qui avait graduellement diminué de vitesse, était maintenant presque nul ; et qu’elle était arrivée le long d’un lac qui ne pouvait être autre que celui qu’elle avait traversé dans sa longueur, en compagnie des Algonquins, avant de s’engager dans la rivière qu’elle venait de remonter pendant plusieurs jours.

Jusque là, elle avait suivi la rive droite du Richelieu ; et, pour ne pas avoir la peine de traverser cette rivière, elle avait l’intention de contourner le lac Champlain en longeant la rive orientale. Mais, à son grand désappointement, elle venait de s’apercevoir que la presqu’île sur laquelle elle s’était engagée s’avançait assez loin dans le lac, et qu’il lui faudrait nécessairement revenir sur ses pas afin de contourner la baie qui la formait.

Elle traversa donc la presqu’île, afin de découvrir si la baie était bien large et si elle s’avançait bien avant vers le nord ; mais, en sortant du bois sur la grève, elle vit qu’elle s’étendait vers le nord, c’est-à-dire dans la direction d’où elle était venue, beaucoup plus loin que sa vue pouvait atteindre.

Cette constatation la rendit perplexe. « Allait-elle faire le tour de la baie ? Ou bien, allait-elle revenir sur ses pas jusqu’à ce que la rivière soit assez étroite pour qu’elle puisse la traverser à la nage, pour, ensuite, reprendre la direction sud en longeant la rive ouest du lac ? »

En revenant sur ses pas, elle savait qu’il lui faudrait marcher près de deux jours avant de trouver un endroit, vis-à-vis une île qu’elle avait remarquée en venant et qui, séparant la rivière en deux branches