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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/184

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à peu près égales, lui permettrait de s’y prendre en deux fois, en se reposant sur l’île, pour atteindre l’autre rive, tandis qu’elle ignorait combien de temps il lui faudrait pour faire le tour de la baie.

Afin de s’en assurer, elle se mit à chercher un arbre plus haut que les autres, sur lequel elle pourrait monter et d’où elle verrait le fond de la baie ; ce qui lui permettrait de juger du temps qu’il lui faudrait pour la contourner.

Après avoir cherché quelques instants, elle aperçut un pin géant dont la tête dépassait tous les arbres environnants. Elle s’en approcha vivement ; mais, rendue au pied, elle vit que son énorme tronc, nu et sans autres aspérités que celles qu’offrait son écorce écailleuse, s’élevait jusqu’à une soixantaine de pieds du sol avant que sa tête ne s’épanouît en forme de cône. Elle ne pouvait songer à grimper le long de cette colonne.

L’Indienne allait s’éloigner pour chercher un autre arbre, plus accessible, quand elle découvrit, à une vingtaine de pieds du pin, un érable dont une des maîtresses branches allait se perdre dans le sommet touffu du premier arbre. Une épinette branchue poussait à côté de l’érable et confondait ses rameaux avec les branches de ce dernier.

En un clin d’œil, agile comme un écureuil, Ohquouéouée eût escaladé l’épinette, en se servant de ses branches comme d’échelons, et elle se trouvait sur la branche de l’érable qui s’étendait jusqu’aux basses branches du pin. Elle se glissa le long de cette branche et, deux minutes plus tard, elle était rendue au sommet du pin, élevé au moins d’une cin-