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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/186

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aujourd’hui lac George et, le trentième jour après son départ du Saint-François, elle atteignait la rivière Hudson. Elle franchit encore cette rivière à la nage, à un endroit où une petite île, au milieu du courant, lui permettait de ne pas la traverser toute d’une seule traite, et, deux jours plus tard, elle arrivait dans son village.

XXVI

UN BÛCHERON CANADIEN

Bienveillant lecteur, vous a-t-il déjà été donné de voir un bûcheron canadien, armé de sa hache, la véritable hache canadienne, en train d’abattre des arbres dans la forêt ? Si vous n’en avez jamais vu, vous n’avez jamais vu le type du vrai bûcheron.

Il y a autant de différence entre le bûcheron canadien et le bûcheron européen, qu’il y en a entre la hache canadienne et la hache européenne ; nous voulons parler de la hache dont le bûcheron se sert pour abattre les arbres. La hache européenne, qu’en France on appelle cognée, n’est, en effet, pas autre chose qu’une cognée. Mal façonnée, sans grâce, sans élégance, ce n’est qu’un coin de fer fixé à l’extrémité d’un manche droit, lourd, rigide et aussi mal fait que l’outil qu’il porte.

Toute autre est la hache canadienne. Mince, aux bords et au taillant décrivant chacun une courbe gracieuse, les côtés arrondis comme les hanches d’une jolie femme ; elle est faite d’acier à trempe spéciale et si repolie que ses côtés pourraient servir