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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/191

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qu’à suivre les petits animaux quand tu les verras partir la bouche pleine d’amandes. Tu auras bien soin, cependant, de les suivre de loin et sans faire de bruit, car les petites bêtes ont l’oreille fine. Rappelle-toi, aussi, que les écureuils ont d’ordinaire leur cachette dans un arbre creux et qu’ils ne descendent à terre que quand ils ne peuvent absolument pas faire autrement ; tandis que les suisses, eux, ont, le plus souvent, leur cachette dans un trou qu’ils se creusent dans la terre, et qu’ils ne grimpent pas plus souvent aux arbres que les écureuils ne descendent à terre. Donc, quand tu verras un écureuil ou un suisse partir avec sa charge d’amandes pour aller les porter dans sa cache, ne bouge pas ; suis-le seulement des yeux pendant aussi longtemps que tu le pourras et, quand tu l’auras perdu de vue, va te placer aussi près que possible de l’endroit où tu l’auras vu disparaître. En allant comme en revenant, ils passent toujours par le même chemin ; à son deuxième voyage, tu cours une grande chance de découvrir son magasin. Si, dans tous les cas, tu ne le découvres pas au deuxième, recommence le stratagème tant que tu ne l’auras pas vu disparaître dans sa retraite. Quand tu seras certain d’avoir découvert son magasin, remarques-en bien le site, afin d’être certain de pouvoir le retrouver plus tard ; et recommence dans un autre endroit avec un autre écureuil ou avec un autre suisse.

Pendant que Le Suisse donnait ces instructions à son compagnon, les deux hommes avaient préparé leurs lits et s’étaient couchés. Bientôt la voix de Le Suisse se tut ; et l’on n’entendit plus, mêlé au grondement du rapide et au murmure d’un petit ruisseau qui coulait près de leur hutte, que la respiration