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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/192

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égale des deux hommes, indiquant qu’ils dormaient profondément.

XXVII

LA CHASSE AUX NOISETTES : À L’AFFUT

Tout à coup, Roger sentit qu’on le secouait :

— Qu’y a-t-il ? fut la question qui lui vint aux lèvres.

— Allons ! Debout, et vite !… si nous voulons être à nos postes avant que le jour ne commence à poindre, fit Le Suisse.

— Mais nous ne venons que de nous coucher !

— Il est près de trois heures ! Nous n’avons donc pas de temps à perdre, car, à la saison où nous sommes, il fait clair avant quatre heures.

À moitié éveillé, Roger se leva, s’étira, se secoua puis suivit Le Suisse en silence. Celui-ci lui fit d’abord remonter le cours de la rivière jusqu’au pied du rapide ; puis, escaladant un rocher escarpé, ils s’engagèrent sous bois.

Tant qu’ils avaient été près de la rivière, ils avaient vu suffisamment clair pour se diriger. Mais, maintenant qu’ils étaient sous bois, les ténèbres étaient si épaisses qu’il leur fallait de temps en temps, le grondement du rapide les empêchant de s’entendre parler, étendre le bras et se toucher pour savoir qu’ils étaient tout près l’un de l’autre. Ils gravirent, pendant une dizaine de minutes, dans cette obscurité, une côte assez raide ; puis, parvenus au sommet, ils redescendirent sur une courte distance de l’autre côté. Alors, Le Suisse, s’arrêtant brusquement,