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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/194

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changement, s’aperçut qu’il était grand jour. Alors, s’éveillant tout à fait, il se mit à examiner son entourage.

Il était assis sur un énorme bloc de pierre, que Le Suisse avait appelé un caillou. Ce bloc de pierre était assez large pour qu’il eût pu se coucher dessus, et assez haut pour que, assis au bord les jambes pendantes, ses pieds ne touchassent point le sol. Une épaisse frondaison de jeunes plaines entourait ce rocher et le cachait presque complètement.

En face du jeune homme, une clairière de forme ovale presque parfaite, d’une centaine de pas de longueur sur une soixantaine de largeur, probablement le site d’un étang desséché, étendait son gai tapis d’herbe et de mousse, parsemé de trèfle blanc fleuri, ainsi que d’une multitude d’autres fleurs, jaunes, rouges, blanches ou bleues. On eût dit que toutes les fleurs sauvages canadiennes s’étaient données rendez-vous dans cette paisible retraite. Une ceinture de noisetiers, d’une largeur variant de deux à cinq pas, entourait complètement la clairière et paraissait lui servir de rempart, empêchant la forêt environnante de l’envahir.

Le grondement du rapide ne parvenait dans cette retraite que très assourdi et ne constituant plus qu’un bourdonnement confus.

Le rocher sur lequel Roger était assis était à cinq ou six pas et en dehors du buisson de noisetiers. Le Suisse avait donc choisi un endroit on ne peut plus propice pour commencer l’apprentissage de son élève.