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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/195

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XXVIII

LA CHASSE AUX NOISETTES : L’ÉCUREUIL

Les oiseaux chantaient depuis quelques temps déjà sur les hautes branches des arbres quand, soudain, Roger, toujours assis et immobile sur son bloc de pierre, entendit un sifflement aigu et saccadé. C’était comme un grincement de dents ; mais de dents faites de cristal, ou de quelque métal argenté et qui rendrait un son semblable à celui de ces clochettes que les enfants de chœur agitent dans les cérémonies de l’église. Ces sons cristallins étaient entremêlés de coups de sifflet d’une acuité perçante, qui déchiraient violemment l’air matinal.

Le jeune homme sursauta et regarda dans la direction d’où venait ce bruit, qu’il connaissait bien.

Juste en face de lui et à six ou sept pieds du sol, trônant, assis sur son train de derrière, sur une branche de noisetier, sa queue touffue relevée le long de son dos et formant panache au-dessus de sa tête mignonne, une noisette à l’écorce encore verte entre ses pattes de devant, un écureuil braquait un regard fulgurant dans sa direction.

L’apprenti espion eut un nouveau tressaillement et retint son souffle : L’écureuil l’avait-il découvert ?… C’eut été vexant ; car, dans ce cas, sa matinée eût été à peu près perdue.

Soudain, l’écureuil répéta son sifflement provocateur et, d’un bond léger comme un vol, sauta sur une autre branche, beaucoup plus rapprochée du jeune homme. Alors celui-ci vit que le regard du gentil animal, en ce moment plein de courroux et de