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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/196

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bravade, passait par-dessus sa tête et s’adressait à un merle, lequel avait eu l’audace de venir se percher à proximité du bosquet où Monseigneur l’Écureuil daignait commencer sa récolte.

Le merle eut-il peur de l’écureuil ? Fut-ce simple coïncidence ? Toujours est-il que l’intrus s’envola ; et l’écureuil, reprenant sa sérénité, rebondit sur sa première branche et se remit à son travail, que la vue du merle lui avait fait interrompre. Dans sa colère, il avait laissé tomber la noisette qu’il s’apprêtait à écaler quand il avait aperçu le merle. Il en arracha une autre à la branche sur laquelle il se tenait et, la tenant entre ses pattes de devant, dont il se servait comme si elles eussent été des mains, en deux tours de mâchoires, il l’eut écalée, l’écorce rejetée à terre, et il eut placé l’amande entre sa mâchoire et la membrane de sa joue. Puis il en cueillit une autre et ainsi de suite, jusqu’à ce que sa bouche fut pleine. Alors il se mit en route pour aller porter les amandes dans son magasin.

C’était là que commençait la partie délicate du travail que Roger avait à accomplir.

En trois bonds, l’écureuil eut dépassé celui qui l’épiait sur sa gauche, et il disparaissait parmi les branches d’un gros sapin, une vingtaine de pas plus loin. Le jeune homme allait se lever pour se rapprocher de l’endroit où l’écureuil venait de disparaître, quand il le revit un peu plus loin, descendant le long du tronc d’un orme. Quand l’écureuil fut à mi-distance entre les branches et le sol, il contourna le tronc de l’arbre et disparut encore une fois.

Alors Roger descendit de son poste d’observation et, faisant un détour, il alla se placer de manière