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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/198

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nous allons descendre la plus grosse cargaison d’amandes qui soit encore entrée dans la colonie !

— Vous croyez ?… fit Roger d’un air de doute. Il me semble, à moi, que nous avons déniché tous les écureuils qui s’approvisionnent dans le buisson où nous avons travaillé ce matin. Et puis, si tous les écureuils de la forêt ont travaillé comme ceux que nous avons épiés, nous n’en avons pas pour longtemps à découvrir des cachettes ; car les noisettes ne dureront pas longtemps.

— Il y a une chose dont tu ne tiens pas compte : c’est que toutes les noisettes ne mûrissent pas en même temps dans toutes les parties de la forêt. Le taillis où nous avons travaillé ce matin, situé comme il l’est au fond d’une petite vallée et entourant une clairière, ce qui le met à l’abri de tous les vents et l’expose au soleil, est le premier à mûrir ses fruits. Cet après-midi, pendant que tu iras faire un tour de chasse afin de remplir notre lardoir, j’irai à la découverte et je choisirai un autre taillis pour demain matin.

Comme Le Suisse terminait ses explications, ils arrivaient au camp et se mettaient à préparer leur dîner. Leur ordinaire, maintenant qu’ils étaient installés ou à peu près, était beaucoup plus soigné qu’il ne l’avait été le long de la route. Avec des pierres tirées du lit de la rivière, ils s’étaient construits une cheminée où ils avaient suspendu une marmite, apportée dans ce but, et dans laquelle ils faisaient bouillir ce qu’ils ne voulaient pas manger rôti ou grillé. Ils s’étaient aussi arrangé un autre feu, recouvert de pierres larges et minces comme des ardoises, sur lesquelles ils faisaient cuire leur pâte de farine de sarrazin ; obtenant ainsi une galette de