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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/199

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beaucoup supérieure à celle dont ils s’étaient nourris le long de la route.

Ils avaient bâti leur hutte sur une langue de terre comprise entre la rivière et un petit ruisseau qui la rejoignait en cet endroit. Les hautes eaux et les glaces du printemps avaient détruit ou empêché les arbres de croître sur cette pointe ; ce qui avait permis à l’herbe d’y pousser abondamment, entourant leur hutte d’un vert gazon. Le ruisseau leur fournissait une eau fraîche et délicieuse à boire ; et dans la rivière, qui leur servait de baignoire, foisonnaient ces délicieuses truites de ruisseau, — que les savants appellent : salmonae fontinalis, ou saumon de fontaine — aux flancs argentés et décorés de points rouges et dorés, et dont la chair, comme saveur, dépasse tout ce qu’on peut imaginer ; pour en avoir une idée exacte il faut en avoir mangé.

Aussi Le Suisse avait-il pleinement raison, quand il disait :

— Tu vas voir, mon petit, quand nous serons complètement installés ; nous allons, pour une couple de mois, vivre ici comme des princes : mangeant les meilleurs gibiers et les plus excellents poissons, avec toutes sortes de fruits pour notre dessert.

Quand les deux hommes eurent terminé leur dîner, ils s’éloignèrent, chacun de son côté. Le Suisse partit en remontant le cours du petit ruisseau, à la recherche de nouveaux buissons de noisetiers à surveiller, pendant que Roger suivait la rivière en descendant, dans le but de rapporter les gibiers dont ils avaient besoin pour leur nourriture. Suivant son habitude quand il allait à la chasse, le jeune homme n’avait pris que son arc et ses flèches.