Aller au contenu

Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 202 —

Puis, collant son oreille sur le trou que Roger venait de lui indiquer, il écouta quelques instants. Se redressant, il dit :

— Je n’entends rien !… L’écureuil doit être allé chercher sa nourriture ; car tu sais qu’il ne touchera à sa réserve d’amandes que cet hiver, quand il ne pourra plus trouver autre chose. Il va être bien désappointé, en revenant, quand il va trouver sa demeure détruite. Heureusement que d’ici l’hiver, il aura le temps de se trouver une autre retraite et de se faire une autre provision.

Le Suisse s’intéressait beaucoup au sort des petits animaux qui se laissaient si bénévolement dépouiller par lui.

— La réserve de l’écureuil, reprit-il, est au-dessous de l’ouverture qui lui sert d’entrée. À quelle distance au-dessous ?… Je l’ignore. Tu vas prendre ta hache et faire une entaille, assez large, ici. Et, de la main, il indiquait un point environ un pied plus bas que l’orifice.

Roger se campa devant l’arbre, leva sa hache au-dessus de l’épaule et la laissa retomber avec force. Le taillant traversa l’écorce et s’enfonça dans le grain de l’arbre. Un deuxième coup, un peu plus bas, puis un troisième au même endroit que le premier, firent voler un large éclat ; laissant, au flanc de l’arbre, une large et profonde blessure. Les coups se succédaient, rapides et forts, les copeaux, larges et épais, volaient dans toutes les directions, et l’entaille allait toujours en s’élargissant et en s’approfondissant.

Tout à coup. Le Suisse, qui jusque là était demeuré immobile, regardant faire Roger, tendit l’o-