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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/214

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surtout, par l’arrivée inopinée d’Ohquouéouée, que tout le monde avait cru perdue pour toujours.

La nuit vint tout à fait. La lune, dans son plein, montra son disque d’argent poli au-dessus des arbres qui entouraient le village. Lentement, elle s’éleva dans le firmament, jusqu’à ce que, parvenue au-dessus du village, ses rayons froids et pâles tombèrent d’aplomb sur la cabane où achevait de mourir le vieux chef.

Cette cabane, comme toutes les cabanes de conseil de ces tribus, était de forme presque circulaire, d’assez grandes dimensions et n’avait, pour toutes ouvertures, qu’une porte basse et étroite avec, au milieu du toit, une ouverture circulaire d’une couple de verges de diamètre, qui servait à laisser entrer la lumière et par où, les jours de conseil, la fumée s’échappait.

Les pâles rayons de la lune, passant par cette ouverture, tombaient directement sur le mourant et l’éclairaient d’une lumière froide et douce, qui lui donnait l’apparence d’un spectre.

À l’exception du vieux chef à demi écrasé sur sa couche de peaux et de la jeune Indienne affaissée aux pieds de son père, l’intérieur de la cabane était nu et désert.

Depuis qu’ils étaient là tous les deux, ni Ohquouéouée, ni son père n’avaient bougé. Soudain, le vieux chef poussa un soupir. Ses paupières s’écartèrent et laissèrent voir des yeux ternes, qui promenèrent un regard vague sur son entourage. Péniblement, son bras se souleva, puis sa main vint se poser sur la tête de la jeune fille. Ses lèvres s’agitèrent et, d’une voix basse et vacillante, il murmura :