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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/216

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rir avant que tu ne sois revenue au pays de tes pères !… Le Grand Esprit, le plus puissant de tous les Esprits, Celui qui donne et enlève la vie, ne m’a pas jugé digne d’avoir un fils !… Il ne m’a donné qu’une seule fille !… Mais cette fille est la plus belle, la plus sage de toute la nation onnontaguée ! En sagesse, elle dépasse même les plus vaillants guerriers !… Le Grand Esprit ne pouvait pas permettre qu’elle ne revînt pas vers son père mourant !… Tu es revenue !… Je puis maintenant partir en paix pour le pays de chasse dont on ne revient jamais !… Je laisse quelqu’un après moi, quelqu’un que je crois digne de me remplacer !

Il se reposa un moment, puis reprit :

Ohquouéouée !… Écoute bien ce que je vais te dire !… Les guerriers de la tribu sont partis pour une expédition contre les Français, contre les alliés de ceux qui t’avaient enlevée à mon affection. Ils sont partis dans l’espoir et avec mes plus pressantes recommandations de te chercher et de te ramener si possible au pays de tes pères !… Avant leur départ, je les ai rassemblés en conseil et je leur ai fait promettre que, s’ils te retrouvaient, tu serais leur chef, que je fusse vivant ou mort. Un seul, Oréouaré, s’est objecté, pour un moment, à mon désir. Mais, quand il vit que tous les autres guerriers seraient heureux et fiers de t’avoir à la tête de la tribu, il s’est rangé à l’avis de ses camarades.

Il se reposa encore un instant, puis continua :

Quand le soleil reparaîtra, je serai mort. Prends aussitôt le commandement de la tribu, afin que quand les guerriers, et avec eux Oréouaré, reviendront, ils trouveront ton autorité solidement établie… Quand