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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/217

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les guerriers seront revenus, choisis parmi eux un époux digne de toi… J’aurais voulu être là pour faire ce choix moi-même, mais je n’y serai pas et je m’en rapporte à ta sagesse !…

Le mourant, dont la respiration devenait haletante, fut un long moment silencieux. Ses mains remuèrent convulsivement, comme s’il eut essayé de se raccrocher à la vie qui lui échappait. Enfin, il dit encore :

Ohquouéouée !… Tu as été bien longtemps avant de revenir vers ton vieux père !… Raconte-moi ce qui t’est arrivé depuis ton départ, et dis-moi comment il se fait que tu sois revenue avant les guerriers que j’ai envoyés à ta recherche ?

Ohquouéouée releva la tête et se mit à raconter à son père dans quelles circonstances elle avait rencontré le sauvage qui l’avait entraînée au camp des Algonquins. Comment ceux-ci l’avaient emmenée avec eux dans leur pays. Comment elle y avait passé l’hiver et de quelle manière elle s’était enfuie au printemps.

Puis elle arriva au moment où, sur le bord de la rivière du Loup, elle avait rencontré Roger Chabroud. À ce point de son récit, une vague confusion l’envahit. Elle se troubla, et, bien qu’elle ne pût s’expliquer les sentiments qui l’agitaient ainsi, elle ne put continuer son récit qu’en baissant la tête et en tenant son regard fixé sur le sol qui servait de plancher à la cabane.

La jeune Iroquoise parlait ainsi depuis quelques temps déjà, la tête et le regard baissés et sans oser regarder son père, quand un râle étouffé que venait de pousser le moribond, lui fit relever la tête. Le