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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/219

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Vers la fin de l’après-midi, ils transportèrent, avec toute la pompe qu’ils purent déployer, le corps de leur chef au lieu de la sépulture. Six des plus vigoureux de ces jeunes chasseurs portaient le corps, étendu sur une civière faite de branches couvertes de peaux. Ils lui avaient peint la figure et l’avaient décoré de ses plus beaux ornements. Derrière la civière marchait Ohquouéouée, le visage toujours caché par ses cheveux épars. Ensuite venaient d’autres chasseurs, portant les armes du défunt ainsi que tous les scalps, c’est-à-dire les chevelures qu’il avait enlevées aux ennemis qu’il avait vaincus, lesquelles, pendant sa vie, avaient orné l’intérieur de sa cabane. Derrière ceux-ci, d’autres chasseurs suivaient, portant différentes espèces de grains, de gibiers et de poissons ; tous cuits et prêts à être consommés. Le reste de la population du village venait à leur suite. Tous, à l’exception d’Ohquouéouée, portaient leurs plus beaux ornements et s’étaient barbouillé la figure et le corps de peintures multicolores.

Arrivés à la plate-forme funèbre, le corps y fut hissé, puis on y déposa les armes du défunt, les scalps ainsi que toutes les provisions que l’on avait emportées. Alors les pleurs et les lamentations, qui n’avaient pas complètement cessé, reprirent de plus belle, entremêlés de chants racontant et de danses mimant les hauts faits du défunt.

Pour cette dernière cérémonie, Ohquouéouée avait repris sa position affaissée et silencieuse, près d’un des piliers supportant la plate-forme, pendant que le reste de la population tournait et gambadait autour d’elle et de l’échafaud qui supportait les restes de celui dont on voulait honorer la mémoire.