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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/220

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Ces restes devaient demeurer là, exposés au vent, à la pluie et à la neige aussi bien qu’à la voracité des oiseaux qui, en peu de temps, allaient en mettre les os à nu, jusqu’à la prochaine fête des morts. Cette fête n’avait lieu que tous les six ou sept ans, quelques fois moins souvent, alors que toutes les tribus d’une même région se réunissaient et enterraient les ossements de leurs morts dans une fosse commune : fosse qu’ils tapissaient d’une grande quantité de fourrures les plus précieuses, et au-dessus de laquelle ils érigeaient une toiture, afin de la mettre à l’abri des intempéries.

Quand le soleil fut couché, les pleurs, les lamentations, les chants et les danses cessèrent ; et tout le monde revint au village, où les derniers n’arrivèrent qu’à la nuit close.

En arrivant au village, Ohquouéouée se retira dans la cabane qui avait été celle de son père ; pendant que les jeunes chasseurs, après avoir allumé un grand feu, s’asseyaient autour et recommençaient le récit des prouesses du chef qu’ils venaient de perdre.

XXXII

DERNIÈRES CHASSES

Le lendemain du jour où ils avaient terminé la récolte des noisettes, en se levant, Le Suisse dit à Roger :

— Nous allons maintenant prendre une couple de semaines de repos. Nous l’avons bien gagné, je crois ! Dans tous les cas, il serait inutile de nous mettre à faire la chasse aux ours maintenant : leur