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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/22

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facilité. Ce fut aussi dans cette langue que la jeune Indienne fit au jeune homme le récit que nous allons transcrire, en lui conservant, autant que possible, son originalité, mais tout en évitant de verser dans l’affectation.

Disons ici, une fois pour toutes, qu’au cours de ce livre, toutes les fois que nous citerons les paroles de quelque sauvage, nous éviterons, tout en nous efforçant d’imiter la tournure d’esprit de nos personnages, de fatiguer le lecteur en imitant leur phraséologie de trop près.

IV

L’HISTOIRE D’OHQUOUÉOUÉE

Quand Ohquouéouée vit le jeune homme assis près d’elle, elle commença son récit en ces termes :

— J’appartiens à la tribu de la Tortue, de la nation onnontaguée ; une des cinq grandes nations qui sont maîtresses de tout le pays, à partir des Grandes Eaux, vers le soleil levant, à aller, vers le soleil couchant, jusqu’où il n’y a plus d’arbres ; et à partir de la Grande Rivière de Canada, pour aussi loin dans cette direction — elle étendait le bras vers le sud — qu’un chasseur peut atteindre en marchant continuellement pendant toute une lune.

Le village de ma tribu est situé à peu de distance du lac de Sarastau, à deux fois autant de journées de marche d’ici que j’ai de doigts à mes deux mains. Ce lac est au milieu d’une grande vallée entourée de belles montagnes.