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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/221

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fourrure n’est pas encore bonne, et elle ne le sera pas avant une couple de semaines. D’ici là, nous allons, les jours de pluie, fabriquer des tinettes, pour y mettre le miel que nous trouverons en chassant les ours et, quand le temps sera beau, nous parcourrons le pays environnant, afin de savoir dans quelle direction chercher les ours et le miel, quand le moment sera venu d’entreprendre cette partie de notre chasse.

Ils firent comme Le Suisse le proposait. Ils commencèrent, le lendemain, par terminer leur installation au camp : travail qu’ils avaient dû retarder pour épier les écureuils et faire la cueillette des noisettes. Ensuite, ils se firent une provision de bois à tinettes, afin de ne pas être forcés de rester inactifs, faute de matériaux, les jours de mauvais temps.

À cet effet, Roger abattit un gros pin, que Le Suisse coupa en bûches d’environ un pied de longueur. Le premier fendit ensuite ces bûches en planchettes de trois ou quatre pouces de large sur un pouce environ d’épaisseur, pendant que son compagnon allait couper quelques brassées de fines branches de merisier, lesquelles devaient servir à faire les cercles. Puis, ce travail, qui les tint occupés pendant trois jours, étant terminé et nos deux personnages étant certains qu’ils ne seraient pas forcés d’être oisifs les jours où la température ne leur permettrait pas de parcourir les bois, ils se mirent à visiter le pays.

Ils suivirent le cours de la rivière, en descendant et en remontant, sur plusieurs lieues de distance et ils explorèrent la plupart des petites vallées qui viennent aboutir à la vallée principale. Chacune de ces petites vallées alimentait un ruisseau, dont la plupart n’étaient que de minces filets d’eau, mais dont quelques-