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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/222

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uns étaient assez considérables et dans les eaux fraîches et limpides desquelles, quand arrivait le temps de manger, Le Suisse et Roger pouvaient toujours prendre quelques-unes de ces délicieuses truites.

Certaines de ces excursions durèrent plusieurs jours, et pendant tout ce temps, ils restèrent ensemble, sans se séparer. Le Suisse prenait son fusil, Roger son arc, et ils partaient à l’aventure, sans défiance, car, depuis près d’un mois qu’ils étaient dans ces parages, ils n’avaient pas vu trace d’être humain. Ils marchaient un peu au hasard, n’allant nulle part en particulier mais passant un peu partout, observant, étudiant le terrain, afin de bien connaître le pays quand viendrait le temps de commencer la chasse aux ours et au miel.

Ils apercevaient bien, de temps en temps, des traces du passage des plantigrades qu’ils se proposaient de chasser sans merci plus tard ; ils en virent même quelques-uns, mais ils les laissèrent aller en paix, sachant que leur fourrure n’était pas encore propre à se conserver en bon état. Ils découvrirent aussi quelques ruches d’abeilles sauvages, qu’ils se gardèrent bien de troubler dans leur travail ; car, la saison étant encore chaude, ils se dirent que les infatigables bestioles travaillaient pour leur profit. Ils se contentèrent de remarquer les endroits où ces ruches se trouvaient, afin d’être certains de pouvoir les retrouver plus tard, quand il serait temps de faire la récolte du miel. Ils ne tuaient de gibier et ne prenaient de poissons que juste ce qu’il leur en fallait pour leur subsistance.

Un jour, il y avait alors trois semaines qu’ils parcouraient le pays en tous sens, Le Suisse et Roger,