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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/224

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forêts renfermant presque toutes les espèces d’arbres qui croissent sur le sol canadien. Mais l’espèce la plus répandue et qui dominait toutes les autres était, comme partout ailleurs dans cette partie du pays que l’on appelle maintenant les « Cantons de l’Est », l’érable à sucre.

Les regards des deux hommes, en découvrant cet immense panorama, se portèrent d’abord au loin ; premièrement à droite, puis à gauche. Ils admirèrent enfin les belles teintes, allant du vert tendre au vert foncé et piqué d’îlots aux couleurs vives, ces dernières allant du jaune clair au violet en passant par toutes les nuances du rouge, — on était alors au milieu de septembre — des collines qui leur faisaient face, de l’autre côté de la vallée. Puis leurs regards, se rapprochant, traversèrent la rivière et jouirent du beau spectacle qu’offrait le ruisseau, débouchant de son étroit ravin dans la vallée en se glissant sous bois et, en serpentant, allant se joindre à la rivière, dont les nombreux méandres, la plupart du temps cachés par les arbres, miroitaient ici et là parmi les feuilles, comme autant de diamants entourés d’émeraudes.

Le Suisse et Roger, muets d’admiration, étaient en contemplation devant le paysage étendu à leurs pieds depuis plusieurs minutes déjà, quand, tout à coup, Roger poussa une exclamation et dit, en étendant le bras dans la direction du confluent du ruisseau et de la rivière :

— Qu’est-ce donc que cette boule noire collée au tronc de cet arbre sec, là-bas ?

Le Suisse tourna ses regards dans la direction indiquée par le bras tendu du jeune homme et vit, à mi-distance entre le point où ils se trouvaient et la