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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/225

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rivière, un énorme pin, dont la tête desséchée et presque sans branches dépassait en hauteur tous les arbres environnants. Juste au-dessus du niveau des autres arbres, une boule ronde et noire paraissait collée au tronc de l’arbre sec. Soudain, cette boule, jusque-là immobile, se mit à remonter lentement le long de l’arbre. Alors Le Suisse qui, la main sur les yeux, l’examinait depuis quelques instants, se retourna vers son compagnon et dit :

— La boule qui t’intrigue si fort, mon petit, n’est pas autre chose qu’un ours. Et cet ours doit être d’une belle taille, pour que nous le voyions aussi distinctement de la distance où nous en sommes !

— Que peut bien être allé faire un ours, dans la tête de cet arbre sec ?

— Sois certain qu’il n’est pas monté là pour admirer le paysage… Quant à moi, je ne vois qu’une seule raison qui ait pu le faire monter si haut ; c’est la passion dominante des ours : le miel.

— Pourquoi n’allons-nous pas le descendre et voir si, réellement, il y a du miel à l’intérieur de cet arbre ? suggéra Roger, dont le sang de chasseur commençait à bouillonner.

— Je crois que nous ferions aussi bien d’y aller, en effet, acquiesça son compagnon. Nous sommes maintenant dans la deuxième semaine de septembre et la fourrure doit commencer à être bonne. Et puis, nous pouvons aussi bien commencer notre chasse aux ours aujourd’hui qu’un autre jour.

Ils descendirent donc le penchant de la colline et ils purent s’approcher jusqu’à une trentaine de pas de l’arbre où était l’ours sans que celui-ci eut eu connaissance de leur approche : occupé qu’il était dans sa