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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/226

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recherche d’une fente par où il pourrait atteindre le miel, objet de sa convoitise, qu’il sentait à l’intérieur de l’arbre. Quand, à la fin, il aperçut les deux chasseurs, il se mit à descendre précipitamment et à reculons ; mais une balle du fusil de Le Suisse lui traversa la tête et le fit dégringoler au pied de l’arbre. Une fois à terre, l’ours fit un effort pour s’enfuir, mais il chancela, trébucha et s’étendit sur la mousse. Ce que voyant, les deux hommes s’en approchèrent et Le Suisse, l’empoignant d’une main par une oreille, de l’autre il lui enfonça son couteau de chasse dans la gorge. Un flot de sang s’échappa de la blessure et l’animal se roidit dans les dernières convulsions de la mort.

Alors les deux hommes l’examinèrent. C’était une bête énorme et du plus beau pelage. Quand elle fut bien morte, ils se mirent en devoir de l’écorcher, afin d’en rapporter la fourrure. Pendant qu’ils procédaient à ce travail. Le Suisse dit :

— Il doit certainement y avoir du miel à l’intérieur de cet arbre. Quand nous en aurons fini avec l’ours, nous nous en assurerons.

Quand la peau de l’ours eut été enlevée, lavée au ruisseau et roulée de manière à former un paquet commode à porter, Le Suisse détacha les deux cuissots, la seule partie de l’ours que les Blancs mangent sans répugnance, en fit un autre paquet qu’il alla porter, avec la peau, à quelque distance. Puis, revenant au pin sec, il prit un tronçon de grosse branche qui gisait par terre et, à plusieurs reprises, il en frappa le pied de l’arbre avec force. Alors, se reculant d’une vingtaine de pas et relevant la tête, les deux hommes virent des milliers d’abeilles sauva-