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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/229

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de jours pour descendre la rivière. Il est vrai que nous l’avons remontée en sept ; mais nous serons beaucoup plus chargés en descendant que nous l’étions en montant. Et puis, pour descendre, chaque portage va nous prendre une pleine journée, quelques fois deux jours. Ce qui fait que nous pourrions bien prendre dix ou onze, ou même quinze jours pour descendre. Dans tous les cas, il nous faut sortir de la rivière Saint-François avant qu’il fasse assez froid pour former de la glace sur les cours d’eau ; car tu sais qu’avec un canot d’écorce, on ne va pas loin dans la glace, n’eût-elle qu’un quart de pouce d’épaisseur.

Ils se mirent donc à la récolte des faînes. Les opérations de cette récolte étaient des plus simples.

Le Suisse et Roger, armés chacun d’un râteau qu’ils s’étaient fabriqué d’avance, arrivaient au pied d’un hêtre, l’arbre qui produit les faînes, râclaient et nettoyaient le sol des feuilles mortes et des branches qui l’encombraient, puis, avec de grosses pièces de bois qu’ils manœuvraient comme les terrassiers manœuvrent ces « demoiselles » avec lesquelles ils enfoncent les pavés, ils foulaient et aplanissaient le terrain tout autour de l’arbre. Ils frappaient ensuite le pied de l’arbre avec ces mêmes pièces de bois, que, maintenant, ils manœuvraient comme des béliers. À chaque coup qu’ils donnaient, l’arbre tressaillait, les faînes se détachaient de leurs gaines entr’ouvertes par les gelées et tombaient sur le sol. Il ne restait aux deux hommes qu’à les ramasser et à les mettre en sac pour les transporter au camp.

Au bout d’une semaine de ce travail, le temps s’étant maintenu au beau, ils avaient recueilli une