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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/230

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quinzaine de minots de faînes. Ils décidèrent alors que le temps était venu de se mettre en route pour les centres civilisés de la colonie.

Au commencement de novembre, les ténèbres viennent de bonne heure ; il fait nuit avant cinq heures. Les deux compagnons ne revenaient à leur hutte qu’à la nuit. En arrivant au camp, ils allumaient un grand feu à l’entrée de l’appentis attenant à leur cabane, y faisaient cuire leur souper, qu’ils mangeaient ensuite à la lueur du brasier, puis ils restaient assis dans le cercle de lumière, causant et faisant des projets pour le lendemain, tant que leur feu n’était pas à la veille de s’éteindre. Alors seulement, ils rentraient dans leur habitation et se couchaient.

Ce dernier soir, ils causèrent longuement de leur départ prochain. Ils avaient amassé beaucoup plus de butin que leur canot pouvait en porter, et il s’agissait de décider s’ils allaient chercher un moyen de tout transporter dans un seul voyage, ou s’ils allaient en laisser une partie, qu’ils reviendraient chercher au cours de l’hiver, au moyen de « tabagannes » et de raquettes.

Ce fut à ce dernier parti qu’ils s’arrêtèrent. Comme Le Suisse l’expliqua à son jeune ami, pour tout transporter d’un seul voyage, il leur faudrait mettre une partie de leur butin sur un radeau, car le canot ne pouvait tout porter. Ce radeau irait moitié moins vite que le canot, qui serait en conséquence obligé de régler sa marche sur lui. Et puis, les portages prendraient beaucoup de temps. Ces deux causes réunies, jointes au temps qu’il leur faudrait pour construire le radeau, les empêcheraient certainement de sortir du Saint-François avant le mois de décembre ;