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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/231

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ce qui leur ferait courir le risque de se voir pris dans les glaces et d’être obligés de laisser tout ou une partie de leur cargaison dans quelque endroit où elle serait beaucoup plus exposée que dans leur hutte, où elle était à peu près en sûreté. Tandis qu’en ne prenant que ce que le canot pouvait contenir facilement, ils étaient sûrs d’atteindre le lac Saint-Pierre avant les glaces, et de rendre au moins cette partie de leurs marchandises à Montréal ou à Québec. Puis quand ils auraient vendu cette partie de leur fond de commerce, ou aussitôt que les rivières seraient prises et que la neige serait suffisamment épaisse pour les raquettes, ils reviendraient chercher le reste sur des tabagannes.

Roger se rendit d’autant plus facilement à ces raisons, qu’il n’aurait pu suggérer un meilleur plan. De sorte qu’en se levant, le lendemain, ils se mirent à l’ouvrage afin de mettre leur hutte en état de protéger suffisamment leurs marchandises contre les éléments et, aussi, contre les bêtes.

Ils avaient décidé de n’emporter avec eux que les amandes de noisettes et les faînes, et de laisser dans leur hutte les peaux d’ours et le miel.

Afin de laisser ces marchandises en sûreté, ils renforcirent le toit de leur hutte, en y ajoutant plusieurs épaisseurs de feuilles et de branches, qu’ils assujettirent avec des troncs d’arbres, lesquels partaient de terre et se croisaient sur le faîte de la cabane. Ensuite ils bouchèrent soigneusement tous les interstices des murs avec de la mousse et de l’argile détrempées ensemble, de manière à former un mortier.

Avant de fermer leur hutte, ils placèrent les marchandises qu’ils confiaient à sa solidité sur des tra-