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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/237

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son couteau de chasse dans sa main gauche, sans un cri, sans une parole, mais avec l’énergie du désespoir, il fonça dans la bande de démons hurlants qui les assaillaient, résolu, puisqu’il fallait mourir, à en découdre un aussi grand nombre que possible avant de succomber.

De son côté, Roger ne restait pas inactif. Après avoir assommé une couple d’ennemis avec la crosse de son fusil, il s’élançait pour en démolir un troisième en frappant de côté, quand le sauvage, en se baissant brusquement, évita le coup, qui lui passa par-dessus la tête. Et le fusil, ne rencontrant que le vide à l’endroit où aurait dû se trouver la tête du sauvage, alla se briser contre le tronc d’un arbre un peu plus loin ; pendant que Roger, emporté par son élan, faisait une couple de pas de côté et s’étendait de tout son long sur la mousse.

Il se releva cependant avant que deux sauvages, qui avaient bondi dans sa direction en le voyant tomber, ne fussent sur lui. Alors, tirant son couteau de sa ceinture, il poignarda le premier et s’élançait pour en faire autant au second, quand celui-ci para le coup avec son tomahawk ; et la lame du poignard, remontrant le fer de l’arme du sauvage, se brisa au ras du manche.

Complètement désarmé, le jeune homme n’en continua pas moins de se battre, mordant et frappant avec ses poings. Mais la bataille, trop inégale, ne pouvait durer longtemps. Bientôt, les deux compagnons, sans arme, à bout de force et d’haleine, incapables de se défendre plus longtemps, furent terrassés et ligotés ; et les sauvages, rendus furieux par leur résistance, s’apprêtaient à les scalper avant de les mettre défi-