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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/241

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rendue là, les délibérations recommencèrent. Un groupe nombreux de la bande voulait changer l’itinéraire du voyage. Ces derniers voulaient, au lieu de remonter la rivière Magog et de passer par le lac Memphremagog — ce qui les obligerait de laisser leurs canots dans ce lac et de parcourir une immense distance à pied et à travers des bois qu’aucun d’eux ne connaissait — remonter la Massawippi ou la Coaticook jusqu’aux sources de cette dernière ; puis, au moyen d’un court portage, passer dans une rivière coulant vers la Connecticut, descendre celle-ci jusqu’à la mer, suivre la côte jusqu’à New-York et remonter l’Hudson jusqu’à leur pays.

Cette opinion qui, bien que proposant un itinéraire beaucoup plus long que le premier, avait le double avantage d’éviter un long parcours à pied et à travers des montagnes difficiles et de permettre aux sauvages de ramener leurs canots dans leur pays, prévalut pour le moment. La bande se remit en marche et continua de remonter le Saint-François jusqu’à l’embouchure de la Massawippi.

Les Iroquois campèrent pour la nuit dans ce dernier endroit ; mais, le lendemain matin, au lieu de se remettre en marche, le groupe qui avait d’abord proposé la route du lac Memphremagog — groupe qui avait à sa tête un non moindre personnage que le chef de la bande ; celui-là même qui devait arriver juste à temps pour empêcher les vainqueurs de Le Suisse et de Roger de mettre leurs captifs à mort — rouvrit la discussion, dans le but de faire adopter le premier itinéraire. La discussion dura tout l’avant-midi, sans que l’on puisse s’entendre.