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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/243

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Ce campement était situé au confluent du Saint-François et de la Massawippi, et entre les deux rivières.

En y arrivant les guerriers iroquois entassèrent du bois sur les feux, qui étaient à la veille de s’éteindre, et bientôt le sous-bois s’éclaira de lueurs dansantes et fantastiques, qui faisaient paraître se tordre les arbres et donnaient des allures de démons aux sauvages.

Juste vis-à-vis de l’endroit où les deux rivières se confondaient en tourbillonnant, à la lisière du bois, un feu plus considérable que les autres projetait, entre les troncs des arbres, sa lumière dansante sur l’eau sombre, que ces lueurs inégales marbraient de longues traînées sanglantes. Le chef, accompagné des principaux guerriers de la bande, s’était retiré auprès de ce feu, après avoir abandonné les deux prisonniers aux guerriers trop jeunes ou ne jouissant pas d’assez de considérations pour prendre part aux délibérations du conseil.

La coutume de ces tribus barbares voulait que, pendant que les anciens délibéraient sur le sort des prisonniers, les jeunes guerriers s’amusassent à les torturer. Et ceux-ci employaient, à suivre cette coutume, tous les raffinements de la pire cruauté.

En arrivant au campement, les deux captifs avaient été attachés chacun à un arbre. Et c’était là, debout, adossés à l’arbre derrière lequel leurs poignets étaient retenus par des liens d’écorce qui leur entraient dans les chairs, qu’ils allaient être soumis à tous les mauvais traitements et à toutes les insultes suggérés aux sauvages par leur imagination fertile en ces sortes d’amusements.

Nous avons dit : « Amusements ! »… Il n’y avait, en effet, du point de vue des sauvages, aucun