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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/244

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plaisir comparable à celui de torturer des prisonniers. Et plus ces prisonniers s’étaient montrés braves dans la bataille, plus leurs bourreaux mettaient d’ardeur à leur arracher quelques plaintes avant de les faire mourir ; inventant, pour obtenir ce résultat, toutes sortes de tortures les plus effroyables.

Dans le cas de nos deux chasseurs, Roger, ayant brisé ses armes presqu’au commencement de la bataille et ayant été maîtrisé assez facilement, ne les intéressait pas autant que Le Suisse, qui avait combattu plus longtemps, avait tué ou blessé un plus grand nombre de guerriers iroquois et qui, même après qu’il se fût trouvé complètement désarmé, n’avait pu être maîtrisé qu’après qu’un des sauvages se fût cramponné à sa gorge et ne l’eût complètement étouffé.

Et puis Le Suisse, qui, comme la plupart de ses compatriotes, avait la langue bien pendue, injuriait continuellement ceux qui le torturaient, pendant que Roger, aussi brave que son compagnon mais beaucoup moins loquace et d’un caractère beaucoup plus réservé, ne disait rien.

Les deux prisonniers furent attachés chacun à un jeune érable, distant d’une dizaine de pas l’un de l’autre. Roger tournait le dos à la rivière, pendant que Le Suisse lui faisait face ; et ils étaient placés de chaque côté d’un brasier sur lequel les sauvages jetaient continuellement des branches sèches, et même des troncs d’arbres entiers.

Bientôt, la flamme monta jusqu’aux branches des arbres environnants, et la chaleur qu’elle dégageait devint insupportable aux deux malheureux qui, placés face à face et de chaque côté du brasier, n’en étaient