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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/246

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le sien, il courait l’enlever ; et il avait à peine le temps de se reculer de quelques pas, qu’un autre tomahawk venait s’enfoncer au même endroit.

C’était à qui lancerait son arme de manière à ce qu’elle atteignît l’arbre le plus près possible de la tête du prisonnier ; et à chaque fois que Le Suisse faisait un mouvement de la tête pour éviter un tomahawk qui paraissait devoir le frapper, ou qu’il fermait les yeux en en voyant venir un qui semblait devoir l’atteindre en plein front, c’était un concert de cris de joie et de hurlements de la part des sauvages.

— Bande de chiens !… Fils de chiens !… leur criait Le Suisse. Quand vous serez en enfer, les démons s’amuseront à vous lancer, non pas des haches, mais des fourches, tas de bourreaux enragés que vous êtes !

Les sauvages lui répondirent par de nouvelles gambades et de nouveaux hurlements. Celui qui, le premier, avait lancé son tomahawk, le lança de nouveau ; mais, cette fois, voulant sans doute le lancer trop près du prisonnier, il l’atteignit à la tête et lui fit une large entaille, d’où le sang s’échappa aussitôt avec abondance, inondant le visage et l’épaule du malheureux Français.

— Toi ! mon espèce de mal léché ! lui cria Le Suisse, dès qu’il fut revenu de l’étourdissement que lui avait causé le choc de l’arme ; si tu es trop maladroit pour jouer à ce petit jeu là sans estropier les gens, tu ferais bien mieux d’aller t’entraîner ailleurs que sur un être humain !

Peu après, la brise augmentant, la chaleur du brasier se porta avec plus de force vers Le Suisse, dont les vêtements prirent feu en plusieurs endroits à la fois. Alors on le vit faire un suprême effort. Ses