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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/248

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tit son arme sur la tête et lui ouvrit le crâne. Le Français s’affaissa dans un flot de sang et, après quelques soubresauts, resta immobile. Marcellin Grubeau, dit Le Suisse, était mort.

XXXVI

ROGER FAIT UN RÊVE

Roger avait été témoin de toute la scène qui venait d’avoir lieu. Témoin bien impuissant ! Pendant qu’il n’avait qu’à subir les insultes de trois ou quatre jeunes guerriers, trop jeunes ou trop timides pour se mêler à ceux qui torturaient Le Suisse, il avait vu cette bande de forcenés mettre tout en œuvre, mais en vain, pour arracher un cri de douleur à son compagnon. Il avait vu la brise, qui éloignait la flamme du brasier de lui et le rafraîchissait, pousser cette même flamme vers Le Suisse et, après avoir brûlé ses cheveux et sa barbe, mettre le feu à ses vêtements. Il avait vu son compagnon rompre ses liens, saisir un tomahawk et se précipiter sur ses bourreaux. Il avait bien essayé, et de toutes ses forces, d’en faire autant ; mais, soit qu’il fût moins fort que son ami, soit que ses liens eussent été plus solides, il lui avait été impossible de s’arracher de l’arbre qui le retenait prisonnier. Il lui avait donc fallu assister, sans y prendre part, à la mêlée qui s’était terminée par la mort de son malheureux associé.

Roger vit ensuite le chef des sauvages, attiré par le bruit de la bataille, accourir et, voyant encore plusieurs de ses guerriers morts ou blessés et un de ses prisonniers étendu à terre la tête ouverte, et après