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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/249

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s’être enquis des faits, reprocher avec violence aux jeunes guerriers leur étourderie et leur manque de prudence en laissant se détacher un des prisonniers, et en étant obligés de le mettre à mort avant que son supplice ne soit terminé ; mais surtout, avant que le conseil eût décidé de son sort.

Il entendit aussi le chef ordonner aux jeunes guerriers, puisqu’ils n’étaient pas capables de s’amuser avec les prisonniers de manière à les conserver pour la décision du conseil des anciens, de laisser celui qui restait tranquille et de n’y pas toucher avant que les chefs eussent décidé du sort qui lui était réservé.

La mort de Le Suisse allait donc avoir cela de bon, qu’elle allait procurer quelques instants de répit à son compagnon. Et, dans des circonstances comme celles qui entouraient Roger en ce moment, quelques instants de répit peuvent quelquefois amener les plus grands changements dans le cours des événements.

À part d’une couple qui restèrent pour surveiller le prisonnier, tous les sauvages se retirèrent à la suite de leur chef ; et Roger, toujours attaché à son arbre, resta tranquille pour le moment. Le brasier, considérablement diminué depuis que les sauvages avaient cessé de l’alimenter, ne donnait plus qu’une chaleur suffisante pour empêcher ses membres endoloris de trop ressentir la fraîcheur de cette soirée d’automne.

Un temps assez long s’écoula. Le brasier s’en allait mourant, et ses dernières braises ne projetaient plus que des lueurs incertaines autour du prisonnier. Le chef avait repris sa place parmi les anciens qui délibéraient autour du feu du conseil, pendant que le reste des sauvages s’étaient installés pour la nuit