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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/256

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savait où ils étaient allés et quelle direction il lui fallait prendre pour les retrouver.

Elle décida donc, au lieu de suivre la rive occidentale du lac Champlain comme elle l’avait fait en venant, de suivre, en retournant, la rive opposée.

Après avoir traversé la rivière Hudson, elle s’engagea dans la forêt de chênes qui couvrait le pied des montagnes dont ce pays est parsemé et, contournant les marais qui s’étendaient alors au pied de ces montagnes, elle arriva, quelques jours plus tard, en vue du lac Champlain qu’elle longea jusqu’à ce qu’elle se crut arrivée à son extrémité septentrionale.

Son plan était des plus simples : elle ne doutait pas qu’en laissant cette extrémité du lac sur sa gauche et en se dirigeant constamment vers le soleil levant, jusqu’à ce qu’elle rencontrât une rivière coulant soit vers le nord, soit vers l’est ou entre les deux, elle n’aurait qu’à descendre le cours de cette rivière pour arriver à celle que Le Suisse et Roger s’apprêtaient à remonter quand elle les avait quittés.

Elle savait que les deux Français étaient le long d’une des petites rivières qui se jettent dans le Saint-François quelque part près de sa source. Elle n’avait pas l’intention de les chercher, ni même de chercher la rivière le long de laquelle ils étaient, mais elle se proposait de les attendre le long du Saint-François, et de les prendre au passage quand ils redescendraient, la saison finie ; elle savait aussi qu’ils reviendraient avant les glaces.

Elle longea donc la rive orientale du lac Champlain jusqu’à ce qu’elle se crut arrivée à son extrémité nord, puis elle s’enfonça résolument dans la forêt,