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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/259

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Si, au lieu de prendre cette baie pour l’extrémité du lac, elle eut continué jusqu’à environ vingt-cinq milles plus au nord, c’est-à-dire jusqu’au fond de la baie de Missisquoi, avant de tourner vers l’est, la distance qu’elle avait parcourue depuis son départ du lac Champlain l’aurait conduite sur le versant nord des montagnes qui forment la ligne de démarcation entre le lac Memphrémagog et la vallée de la rivière Connecticut ; et la pente de ces montagnes l’eût maintenue dans la bonne direction. Mais étant partie de vingt-cinq milles plus au sud que l’endroit d’où elle avait cru, et d’où elle aurait dû partir, elle était arrivée sur le versant sud de ces montagnes. C’est ce qui explique que tous les cours d’eau qu’elle rencontrait coulaient vers le sud.

Heureusement qu’elle avait, depuis que le temps sombre qu’il avait fait toute la dernière semaine l’avait empêchée de s’orienter sur le soleil et l’avait fait changer de direction sans s’en apercevoir, remonté vers le nord. Ce changement de direction lui avait fait faire, bien que de trop loin pour qu’elle s’en aperçut, le tour du lac Memphrémagog ; et elle se trouvait maintenant à un point situé à une dizaine de milles de ce lac et à peu près sur la ligne frontière actuelle entre le comté de Stanstead et l’État du Vermont.

Ohquouéouée s’était aperçue, depuis quelques jours déjà, qu’elle était égarée, quand vers la fin d’un après-midi, en arrivant au sommet d’une pente assez raide, elle déboucha dans une petite clairière que deux ou trois arbres renversés par le vent avaient ouverte.

Une forte brise venait de s’élever, qui charriait les nuages dont le firmament était couvert depuis