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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/26

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Je voulus m’en aller, mais il me barra la route en me disant quelque chose dans une langue que je ne connaissais pas. Après un moment, je refis encore un mouvement pour m’enfuir, mais il m’arrêta encore en me saisissant par le bras et en me forçant de le regarder en face, pendant qu’il me parlait avec animation. N’obtenant pas de réponse, il se mit à m’entraîner rapidement dans une direction opposée à celle de mon village.

Nous marchâmes longtemps. Comme le soleil commençait à descendre derrière nous, nous arrivâmes à un campement, sur le bord d’une rivière. Les guerriers de sa tribu étaient là.

J’ai appris depuis, qu’en compagnie des Blancs, ils étaient venus combattre les miens et qu’ils avaient ravagé plusieurs villages de ma nation.

Comment ma tribu avait-elle échappé jusque là à leur attention ?… Je l’ignore. Mais son tour ne devait pas être long à venir.

En nous voyant arriver, mon ravisseur et moi, tout le campement nous entoura avec curiosité. Les premiers moments de cette curiosité passés, cinq ou six vieilles femmes s’emparèrent de moi et me conduisirent à une cabane, où elles me firent entrer et où elles me gardèrent à vue jusqu’au matin. Elles ne me maltraitèrent pas trop cependant, et elles me laissèrent assez de liberté pour que je puisse voir presque tout ce qui se passait dans le camp.

Après m’avoir confiée aux vieilles femmes, celui qui m’avait amenée alla parler au chef. Celui-ci appela aussitôt quatre ou cinq jeunes guerriers, qu’il dépêcha dans différentes directions. Je me doutai