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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/27

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qu’il les envoyait avertir les anciens de se réunir pour tenir conseil.

En effet, peu de temps après, je vis plusieurs guerriers se diriger vers la grève, où ils s’assirent en cercle et délibérèrent longtemps.

De la cabane où j’étais retenue prisonnière, je les voyais se passer le calumet de l’un à l’autre. Alors l’un d’eux se levait et parlait. Quand il se rasseyait, le calumet refaisait le tour de l’assemblée, puis un autre se levait et parlait à son tour.

J’étais trop éloignée du lieu où se tenait le conseil pour entendre ce qu’ils disaient, mais je les voyais tous, par leurs gestes, indiquer la direction de mon village. Je pensais aux miens, surtout à mon père qui devait être loin de se douter du danger qui planait sur notre tribu.

Enfin, le conseil prit fin et le plus grand silence régna sur le campement. Mais, quand les ombres de la nuit devinrent assez épaisses pour nous cacher l’autre côté de la rivière, je vis les guerriers qui avaient tenu conseil, chacun accompagné d’une troupe de jeunes gens, s’enfoncer dans la forêt et prendre la direction de Sarastau.

L’anxiété me tint éveillée toute la nuit. J’aurais bien tenté de m’enfuir, afin d’aller avertir les miens du danger qui les menaçait, mais aussitôt après le départ des guerriers, les vieilles femmes s’étaient installées près de la cabane qui me servait de prison, à l’intérieur de laquelle une ou l’autre d’entre elles se tint constamment avec moi jusqu’au matin.

Un peu après que le soleil eut reparu, je vis revenir les guerriers et leurs jeunes gens. Il me sembla qu’ils étaient beaucoup moins nombreux qu’au moment de