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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/263

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geait jusqu’à l’endroit où ses eaux s’échappaient par un mince ruisseau. Du regard, Ohquouéouée se mit à suivre ce filet d’eau.

Bien que le ruisseau même ne fût presque jamais visible, étant presque tout le temps caché par les arbres, l’Indienne pouvait facilement en deviner le cours en se guidant sur l’enfoncement de l’étroite vallée qui lui servait de lit. La direction générale de cette vallée était presque franc nord ; et, promenant son regard le long de ce qui n’était, à vrai dire, qu’un repli de terrain, Ohquouéouée vit, à deux ou trois lieues de distance, la vallée qu’elle explorait se perdre dans une sorte de grand trou gris argent.

Elle venait d’apercevoir le lac Massawippi.

Ce lac, vu du Barnston Pinacle, apparaît comme suspendu en l’air ; et le premier mouvement du voyageur qui le découvre du point où était Ohquouéouée, en est un de surprise : de ce que les eaux du lac ne se répandent pas entre les montagnes environnantes.

Ce coin des Cantons de l’Est est très peu connu des habitants de la province, et même de ceux des autres parties de la même région. Pourtant, au point de vue de la beauté du paysage, du pittoresque des sites, des nombreux lacs et rivières qu’il renferme et des attraits de toutes sortes qu’il offre aux peintres, aux chasseurs, à tous ceux qu’attirent les charmes de la nature et aux touristes en général, cette partie du pays ne le cède en rien aux Laurentides, aux Adirondacks ou aux Montagnes Vertes — lesquelles ont donné leur nom à l’État du Vermont — dont cet agglomération de hautes collines et de petites montagnes n’est que le prolongement, pas plus qu’aux autres endroits, renommés pour leurs beautés natu-