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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/264

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relles, qui attirent les visiteurs par milliers quand revient la belle saison.

On était arrivé aux premiers jours de novembre. Il faisait une de ces belles journées d’automne, comme la fin d’octobre ou le commencement de novembre nous en ramène tous les ans. Les érables, les chênes, les ormes et tous les arbres à feuillage décidu avaient perdu leurs feuilles et assumé la même teinte grisâtre ; mais les pruches, les sapins, les cèdres et tous les arbres à feuilles permanentes avaient gardé leur toilette vert sombre. Le résultat était que les montagnes et les collines, où les bois francs dominaient, étaient grises, avec, ici et là, quelques taches vertes ; pendant que les ravins et les vallées, où dominaient les conifères, étaient verts avec des taches grises. Et ces teintes douces étaient mises en relief par les zigzags, reluisant comme de l’acier poli, des ruisseaux et des rivières, ou par les grandes plaques d’un gris brillant des lacs dont cette région est parsemée.

L’atmosphère, quand on regardait un objet peu éloigné, paraissait être du plus pur cristal de roche ; mais, à mesure que la vue s’éloignait, le paysage semblait se couvrir d’une légère fumée bleuâtre. Cette fumée s’épaississait en raison de la distance où l’on regardait et, à la distance où Ohquouéouée avait aperçu le lac Massawippi, on eût dit qu’un voile tissé des plus fins fils de soie était tendu devant le paysage.

Après avoir regardé le lac Massawippi pendant longtemps et avoir suivi du regard tout ce qu’elle pouvait apercevoir de son contour, Ohquouéouée découvrit que les eaux de ce lac s’écoulaient le long d’une vallée qui, se dirigeant d’abord vers le nord,