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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/266

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cenelliers, dont plusieurs branches étaient fraîchement coupées.

Jetant un regard rapide autour d’elle, la jeune fille ne remarqua d’abord rien autre chose d’anormal. Elle tendit l’oreille et écouta avec attention pendant quelques secondes, mais ne perçut aucun bruit de nature à l’éclairer sur ce qui s’était passé là avant son arrivée.

Le silence était même trop complet : on n’entendait aucun des bruits ordinaires de la forêt, signe qu’il devait y avoir quelque chose d’étrange dans les environs.

Tout en écoutant, Ohquouéouée s’était mise à examiner le sol autour du buisson d’aubépines. Ce qu’elle y vit lui fit oublier tout le reste : des empreintes de pieds d’homme, chaussés de mocassins, partaient de la ligne de l’eau, traversaient le sable de la grève et allaient jusqu’à la berge, puis revenaient au bord de l’eau, où la pince d’un canot avait aussi laissé sa marque.

La jeune fille se baissa et examina soigneusement les empreintes. Son examen fini, elle fut certaine que ces empreintes avaient été faites par un Blanc ; car les pieds qui les avaient faites étaient trop étroits et trop tournés en dehors pour appartenir à un sauvage. Poursuivant ses investigations, elle constata qu’un seul homme était descendu du canot, car il n’y avait qu’une seule piste qui traversait la grève dans chaque direction ; mais, en examinant bien l’inclinaison de l’empreinte que la quille du canot avait laissée dans le sable de la grève, où elle avait glissé en s’enfonçant sur une longueur de trois ou quatre pieds, elle fut certaine qu’un autre homme, et un homme qui devait