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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/28

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leur départ, et je suis certaine que, de ceux qui revinrent, un grand nombre étaient blessés. Je compris, par leurs gestes et leurs attitudes pendant qu’ils racontaient ce qui s’était passé à ceux qui étaient restés au camp, que, dans leur rencontre avec les guerriers de ma tribu, ils avaient eu le dessous. J’appris plus tard, quand je fus familiarisée avec la langue de ces guerriers, qu’au lieu, comme ils s’y attendaient, de surprendre mon village dans la nuit avec ses habitants endormis, ils étaient eux-mêmes tombés dans une embuscade où ils avaient failli tous périr.

Je supposai, et il est probable, que mon père, inquiet de ne pas me voir revenir, avait envoyé à ma recherche. En parcourant la forêt, ceux qui me cherchaient étaient tombés sur les pistes des Algonquins. Et Cayendenongue, en recevant les rapports de ses émissaires, n’eut pas de peine à deviner les desseins de ses ennemis. Alors il leur tendit un piège dans lequel ils vinrent se jeter, comme il l’avait prévu.

Celui qui m’avait enlevée avait dû périr dans l’expédition contre les miens, car, à partir de ce moment, je ne le revis plus. Ceux qui revinrent étaient si effrayés qu’ils s’empressèrent de rassembler leurs effets et de s’enfuir à toute vitesse, en m’entraînant avec eux.

Nous marchâmes toute la journée et une partie de la nuit. Le lendemain, avant que le soleil parût, nous nous remîmes en route et nous marchâmes encore toute cette journée, ainsi que la suivante, toujours en remontant le cours des eaux que nous suivions. Ce ne fut que vers la fin de la troisième journée, que nous suivîmes, en le descendant pendant une