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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/270

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elle y arriva, elle n’y trouva que les quelques guerriers qui étaient restés pour disposer des morts. En quelques phrases brèves, elle les questionna ; et les guerriers, surmontant la stupéfaction que leur causait son arrivée inattendue, lui apprirent ce qui venait de se passer, ainsi que le lieu du campement.

Aussi rapidement que le lui permettait l’état de fatigue et de surexcitation dans lequel elle se trouvait, Ohquouéouée se mit à marcher dans la direction qui venait de lui être indiquée.

La nuit était maintenant complètement venue et, comme les ténèbres étaient très épaisses sous les arbres et qu’il n’y avait pas le moindre sentier de tracé, il lui fallut pas mal de temps pour arriver au camp.

Quand, à la fin, elle y arriva, l’échauffourée entre Le Suisse et ses bourreaux avait eu lieu. Le Français était mort, et le chef qui n’était autre qu’Oréouaré, celui qui avait tenté de s’opposer aux recommandations de Cayendenongue quand la troupe était partie de Sarastau, avait ordonné de laisser tranquille le prisonnier qui restait, après quoi il était retourné prendre sa place au feu du conseil.

Roger, la tête appuyée contre l’arbre derrière lequel ses mains étaient attachées, paraissait s’être endormi de fatigue, ou avoir perdu connaissance. Les deux sauvages commis à sa garde étaient étendus près du feu, qui allait toujours en diminuant.

Avec précaution, pour ne pas attirer l’attention de ses gardiens, Ohquouéouée s’approcha du prisonnier, en se tenant dans la traînée d’ombre que projetait l’arbre auquel il était adossé, et elle se mit à lui