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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/271

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parler. Elle lui dit combien elle était heureuse de l’avoir retrouvé. Elle lui assura qu’en reconnaissance du service qu’il lui avait rendu, elle allait essayer de le délivrer. Puis elle fit le tour de l’arbre, s’approcha des deux sentinelles et, leur parlant à voix basse, elle acheva de se renseigner sur ce qui s’était passé.

Ensuite elle se dirigea vers le feu où les anciens, avec leur chef Oréouaré, tenaient conseil.

C’est à ce moment que Roger, croyant avoir été le jouet d’une hallucination, l’avait aperçue ; mais seulement pour un instant, car l’éloignement avait aussitôt fait disparaître la jeune fille dans les ténèbres.

Du lieu du combat au campement, Ohquouéouée avait réfléchi : cherchant par quels moyens elle déciderait ses compatriotes à laisser la vie et à rendre la liberté aux Blancs ; car, après que les premiers Iroquois qu’elle rencontra lui eurent appris qu’ils venaient de capturer deux Français, elle ne douta plus qu’il ne s’agît de Roger et de Le Suisse. De l’arbre où était attaché Roger au feu du conseil, elle continua ses réflexions ; et elle en vint à la conclusion que le meilleur moyen d’arracher Roger — elle savait maintenant que Le Suisse était mort — aux guerriers de sa nation, était de leur faire part, en plein conseil, de la mort de son père, ainsi que de ses dernières volontés, et de se servir de ces dernières volontés pour faire relâcher celui dont, pour obtenir qu’il fût libre, elle était prête aux plus grands sacrifices.

Et puis, « qui sait ?… » La fille de Cayendenongue avait bien d’autres espérances.